Happy Halloween du coté de chez Kitty Crowther Part II "Moi et Rien"

Moi et Rien

"Les autres enfants me trouvent bizarre, mais cela ne fait rien.

Rien n'est important si Rien reste avec moi. "

Rien c'est rien, et pourtant, à partir de Rien, il est possible de tout faire.

Rien c'est ce vide qui nous habite après le passage de Petite Mort. C'est cet apparent néant qui englouti tout sur son passage.

Démesurément Rien.

Gargantuesque Rien.

C'est cette chose sans nom en dedans & en dehors de nous, nous qui sommes encore là, sur Terre, même si l'on se sent bien moins vivant qu'Avant. D'ailleurs, le sommes-nous encore réellement...vivant ? Parfois, on en arriverait presque à douter de la mécanique de notre coeur. Il bat encore, je le sais. Je le sais, car sa mélodie tape fort dans ma tête. Mais comment est-ce possible?  Hier je ne le savais pas car, dans mon coeur, il n'y avait comme plus rien. Pourtant, mes pieds, eux, frôlent toujours la terre.

Avant c'est Tout et Rien à la fois. 

Parce que Rien, finalement on a besoin de lui. Il y a des choses dans la vie qui ne peuvent être comblées. C'est comme ça. Alors Rien, c'est l'assurance, qu'il nous manque quelque chose. Maintenant que tu n'es plus là, je ne suis plus tout à fait Moi.

Rien quand tu es mort, c'est ce que tu m'as laissé. Mais je ne le savais pas encore. Aujourd'hui, je peux te dire merci. Car Rien n'était que la promesse de Tout. Et surtout de Toi ...

A travers Rien, je t'ai enfin retrouvé. Rien m'a beaucoup aidée. Mais après tout c'est bien normal, c'est toi qui me l'avais envoyé.

Je ne peux que vous inviter à lire ce petit bouquin car parler plus de Rien, c'est bien trop difficile. Ma manière de voir Rien, c'est mon jardin secret. Je sais que je n'arriverai pas à vous insufler mon Rien.  Car Rien, votre Rien à vous, vous devez l'appréhender par vous-même.

Cela-dit Lila, notre petite héroîne, nous dévoile, magnifiquement bien, son Rien à elle. Et c'est assez déroutant. Lila apprend de Rien. Mais, soyons honnête, parfois, Rien il ne comprend rien. Parfois... oui mais c'est déjà beaucoup, car ces fois-là, c'est comme si Rien ne comprenait jamais rien.

La veste de Papa sur le dos ~Papa qui est là, sans l'être vraiment~ & les bottes de Maman aux pieds ~Maman qui survole désormais l'Himalaya~ Lila plante des graines. C'est Rien qui lui a montré et ça, ce n'est pas rien.

Chacun saura sûrement trouver dans l'extraordinaire jardin de Lila, un souffle d'espoir, aussi minime qu'il soit. L'espoir de retrouver un jour un sentiment de paix intérieur.  Peut-être, m'autoriserez-vous même à ressentir sur votre joue & dans votre coeur cette caresse si légère, si douce, si précieuce.

 Si vivante.

 

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Auteur/ Illustrateur : K. Crowther / Ecole des loisirs, Lutin poche, Pastel, 2003 / Broché, 27 pages / ISBN 978-2211070102 /19 x 0,4 x 15 cm / 5,60 euros

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Petite précision avant de boucler (pour l'instant) notre petit voyage Crowthien : vous remarquerez, sans doute, au fil de la lecture de mes billets, que très rarement (voire jamais) n'est pécisé un âge précis de lecteurs. Non non, ce n'est pas par flemmardise, c'est bien un choix. Je trouve, bien souvent, que les âges indiqués induisent le lecteur en erreur.  N'y voyez donc qu'une précision purement et seulement indicative ! Au délà des grandes lignes, n'oublions pas la singularité de chacun. On ne parle pas de la Mort, par exemple, de la même maniere, à un enfant de 3 ans, de 7 ans ou de 12 ans. On n'est pas capable de comprendre la Mort de la même manière. On n'est pas sensible aux mêmes choses, aux mêmes mots, aux mêmes illustrations. Notre cerveau ne reçoit pas et ne traite pas l'information de la même manière. A chaque âge son rythme & surtout à chacun ses limites.  Prenons l'exemple de l'Enfant silence (Roumiguière, Lacombe, 2008) présenté dans le post de la semaine dernière. Il est indiqué sur les sites marchands : "A partir de 3 ans". Alors oui, l'anthropomorphisme, particulièrement avec les animaux, c'est censé bien parler aux enfants (pour rappel : les loups incarnent le couple parental maltraitant. Allons au plus simple). Mais quel interêt de passer à côté de l'essence même du livre ? le côté symbolique & métaphorique (qui au passage, permet de mettre de la distance avec la situation) dont il est évident, qu'un si petit enfant, ne peut atteindre ? N'est-ce pas aussi prendre le risque de le laisser se débrouiller avec les loups et puis c'est tout ? N'est-ce pas, au mieux, prendre le risque de decevoir le jeune lecteur en lui mettant dans les mains un album dont il ne peut saisir qu'une infime partie ?